J’ai fait la connaissance du zen, de l’assise en zazen et du tir à l’arc. J’ai rencontré alors un grand maître du tir à l’arc qui me demande de raconter mes premières impressions du Japon depuis quatre semaines. Je les lui raconte. Il me dit : « C’est juste, mais très superficiel. » Alors je lui dis : « Que faut-il faire ?
- Il faut aller à un point dans la profondeur. Tout ce qui est autour en profite.
- Que dois-je faire ?
- Le tir à l’arc.
- Mais je n’ai pas de maître, pas de place et pas beaucoup de temps.
- Le maître, je pourrai le faire moi. La place, vous n’avez besoin que de trois mètres.
- Comment ça trois mètres ? »
Et il est revenu avec une grande cible en paille, qu’il a mise à trois mètres. Le disciple dans le tir à l’arc tire durant trois années complètes sur une cible à d’un mètre de diamètre à la distance de trois mètres. C’était surprenant. Je me suis très vite aperçu que le tir à l’arc comme exercice spirituel n’a rien à faire avec l’objectif de toucher le centre de la cible avec une flèche. Il s’agit d’autre chose. J’ai appris que dans la tradition japonaise, une technique maîtrisée ne sert pas à une performance mais au devenir de l’homme.
Dans le tir à l’arc, cela signifie que dès que vous êtes capable de maîtriser la technique entièrement, le petit moi qui voudrait bien toucher le centre, qui a peur de rater, ce petit moi peut être effacé totalement. La technique est alors nettoyée de votre moi et se branche sur un centre plus profond en vous-même. C’est alors que tout à coup la flèche s’en va, sans votre participation, sans effort, ce n’est plus le résultat qui compte mais plutôt la présence du grand Etre. Donc le sens d’un exercice japonais est le développement de l’être spirituel en effaçant la participation du petit moi qui veut encore « faire » quelque chose.
(Karlfried Graf Dürkheim, l’esprit guide)
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