samedi 30 janvier 2010

Dans une interview les deux fils de Bob de Moor parlent de leur père et de son travail dans le studio d’Hergé. Voici l’extrait qui m’a interpellé :

« Je me souviens d’une image des bijoux de la Castafiore. C’est la nuit et Tintin regarde dehors. Papa avait dessiné patiemment toutes les briques du Château de Moulinsart mais, quand Hergé a regardé la planche, il a entièrement empli la case de noir et a mis Tintin à contre-jour. Il est venu ensuite sur la pointe des pieds montrer cette planche à papa et il lui a dit : « Bob, je m’excuse, je m’excuse ! » Il est vrai que dessiner une telle scène prenait facilement une demi-journée de travail. Papa lui a répondu : « Mais c’est merveilleux, c’est beaucoup mieux que ce que j’avais fait. »

Voilà ce que j’entends lorsque, comme le prône la philosophie Bouddhiste, je dis qu’il faut se mettre en retrait, que notre moi doit s’effacer. L’œuvre que nous accomplissons chaque jour, notre moindre geste doit être emprunt du but, de l’œuvre absolue à laquelle nous contribuons sans pour autant la discerner, comme l’a si bien illustré Bob de Moor dans cette réaction, en ne se préoccupant non de son petit « moi » qui aurait pu être blessé mais de l’album auquel il était en train de participer.

Aucun commentaire: